La Mère du Monde

Le Un, l’Absolu
(la Vie une, la Force première, la Source divine)

Se projette

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dans le monde de la Manifestation

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(la Mahamaya des hindous ou la Shekinah des hébreux.
Le monde du reflet, comme dans un miroir.)

Se projetant, le Un se divise en deux
(deux pôles : le positif et le négatif, le masculin et le féminin)
Grandeur de la double origine qui est à la base de toute vie.

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le connaisseur et le connu
le Père et la Mère
la conscience et l’Énergie
l’Esprit et la Matière

le Deux, en relation, donne le Trois :

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le connaisseur et le connu  =  la connaissance
le Père et la Mère  =  Fils/Fille
la conscience et l’Énergie  =  le pouvoir
l’Esprit et la Matière  =  la vibration

 

Les opérations des deux pôles, Esprit-Matière, Père-Mère, dans l’espace et le temps, produisent l’harmonie, comme les forces centripète et centrifuge, qui étant mutuellement interdépendantes, sont nécessaires à l’une et l’autre afin que les deux puissent vivre. Si l’une était arrêtée, l’action de l’autre deviendrait immédiatement autodestructrice.

La mère, le connu, l’énergie, la matière, c’est l’aspect féminin de l’Unique, la face féminine de Dieu, la Shakti universelle, le féminin sacré. Et sous son aspect matière, c’est la substance première (quintessence, mulaprakriti) d’où toutes les formes sont tirées, le chaos primordial renfermant toutes les potentialités.

C’est la Mère du Monde
qui contient en elle le cosmos et les dieux.

Dans les temps très anciens, avant même l’histoire écrite, vers 25000 ans avant notre ère, l’aspect féminin de la divinité était connu et vénéré comme la Grande Mère, la Grande Déesse, créatrice et régénératrice en qui toute vie prenait forme et évoluait: la Terre, la Nature, les différents règnes, le monde. Les nombreuses statuettes, figurines et représentations graphiques retrouvées par les archéologues, partout, dans toutes les cultures, en sont une preuve très convaincante.

On lui attachait des attributs comme : créatrice/destructrice, nourricière, rétributrice, souveraine, force vitale, gardienne, inspiratrice, vierge, épouse, mère et fille, consolatrice, refuge des affligés, source de sagesse, d’harmonie, de beauté, de bonheur, de puissance, de pitié, de fertilité, de justice.

Elle était représentée, et l’est encore aujourd’hui, selon les cultes religieux de différentes parties du monde, par des déesses comme : Isis, Tara, Kali, Héra, Lakshmi, Sarasvati, Durga, Vénus, Demeter, Aphrodite, Ashera, Kwan yin, Astarte, Inana, Ishtar, et dans la chrétienté, par Marie mère de Jésus. Les femmes étaient considérées (si non toujours respectées) comme représentantes de la Déesse et  participaient de plein droit à ses rituels et à ses sacrifices souvent en tant que prêtresses.


Puis, pendant des millénaires, suivant l’évolution politique des peuples et la loi de la dominance du plus fort, l’aspect masculin de la divinité a peu à peu supplanté le culte de la Mère. Le concept du Dieu Père, masculin, créateur et tout puissant, dispensateur de la destinée, s’est répandu presque partout et la plupart des dieux des différentes traditions culturelles et religieuses ont alors pris des apparences, des qualités et des noms masculins. Les religions occidentales, dites monothéistes (le judaïsme, la chrétienté, l’islam et leurs différentes sectes) en particulier, en sont des exemples très clairs.

En conséquence, dans la plupart des religions et des cultures du monde, la place des femmes et leur influence dans la société et la religion sont devenues secondaires. Presque partout, les femmes ont été écartées du pouvoir politique et des fonctions du culte et de la prêtrise.

Aujourd’hui, la grande loi de l’harmonie, des cycles et des rythmes, semble vouloir ramener peu à peu dans le monde, l’influence de la Mère, qui depuis des âges cache volontairement sa face, et le féminin sacré tente de reprendre sa place comme manifestation équivalente de la divinité une. Isis soulève son voile.

À l’horizon pointe une ère nouvelle, l’ère du Verseau, où s’affaiblira l’égocentrisme de l’individu pour laisser la conscience de la communauté, du groupe, de la fraternité s’établir dans les sociétés civiles et les institutions culturelles et religieuses. Le spirituel gagne du terrain sur le matérialisme pur qui régnait sur les pensées et les philosophies des cultures occidentales des 18è et 19è siècles.

Les femmes reprennent conscience de leurs pouvoirs et de leur rôle. Avec ceux qui les appuient, de nombreuses femmes se regroupent dans des mouvements axés sur la reconquête de leurs droits fondamentaux : droit à l’égalité, au respect, à la liberté de parole et d’action, droit de disposer d’elles-mêmes, droit aux fonctions sacrées. Désormais les portes semblent s’ouvrir devant elles. Le monde en bénéficiera pleinement.

Des mouvements se sont organisés afin de soutenir la formation de groupes rituelliques consacrés au culte de l’aspect féminin de la divinité et de permettre aux femmes d’exercer leurs fonctions de prêtresses. Ce retour de la Mère, du féminin sacré, dans son unité avec le Père, présage pour notre Terre une ère de paix, de compassion, d’entraide, de justice et d’harmonie, par la régénération spirituelle.

Elle est Reine de l’univers, Reine des mondes, des anges, des hommes et des dieux. Elle est la Rose mystique, l’Étoile de la mer, la Porte du ciel. Elle est Conscience-Force, Joyau de suprême Sagesse, Reine des mystères, Cœur de la Hiérarchie, Mère de toute manifestation, Déesse de la parole créatrice, Mère de toutes les écritures saintes et de tous les rites inspirés, identique à l’Un suprême, pure Intelligence, feu de tout Amour.

ELLE,
LA MÈRE DU MONDE

 

Références :

La Mère. Sri Aurobindo, Éd : Sri Aurobindo Ashram Trust, Pondichéry, 1971
Dieu la Mère. Sylvia Browne, Éd :AdA inc, Varennes, Québec, Canada, 2006
La Grande Déesse-Mère. Shahkrukh Husain, Ed : Albin Michel, Paris 1998
Mater Materia. Jacques Languirand, Ed :Les Productions  Minos, Ltée, Montréal 1980