La méditation

Un grand Swami hindou fut un jour invité, dans un symposium ésotérique, à parler de la méditation; on lui alloua 30 minutes.

Le Swami, de safran vêtu, s’avança sur la scène et tout souriant dit : « Prier c’est parler et demander; méditer c’est se taire et écouter ». Sur ce, il s’assit sur la scène, jambes croisées et garda le silence tout le reste du temps, au grand étonnement de l’auditoire.

Est-ce cela la méditation?

Examinons ce qu’est la méditation et ce qu’elle n’est pas. Bien souvent, nous pouvons nous imaginer que nous méditons quand nous restons assis en silence, dix, vingt ou trente minutes. Peut-être que nous méditons, mais peut-être que pendant 90% du temps, nous ne méditons pas. Actuellement, il y a beaucoup de soi-disant méditants qui ne visent pas l’ultime libération du mental, mais plutôt le bien-être physique, la libération du stress et des soucis, le développement de l’intelligence, l’augmentation de l’efficacité dans leur profession, etc. Ces buts sont légitimes mais ce n’est pas, à proprement parler, de la méditation.

On trouve facilement des descriptions de méthodes ou de techniques, mais rarement une définition précise de ce qu’est la méditation. Voici une citation sur la signification de la méditation venant d’un lama tibétain, Anagarika Govinda, auteur de plusieurs ouvrages: «  La méditation n’est pas ce que vous pensez  »  – une réponse courte, mais questionnant le but et la méthode de la méditation. Ce n’est pas chaque fois que nous sommes engagés dans un processus de la nature de la pensée ou du mental, que nous méditons c’est plutôt lorsque la pensée s’arrête que commence la véritable méditation.

On pourrait penser à la méditation un peu comme on pense à faire de l’exercice physique à chaque jour, comme on pense à bien manger, plus exactement comme le fait de s’exercer à la méditation. L’entrainement est d’une importance capitale, c’est comme le fait pour le fermier de préparer la terre pour que la graine puisse germer.

La démarche est exigeante mais il faut ‘ essayer !’  Chacun va à son rythme, ça prend du temps, de la patience, mais il faut commencer et persister! S’exercer à la méditation, c’est un choix de vie et non une approche à la mode pour ‘ rester zen en toutes circonstances’ ! C’est une démarche parfois difficile; cela demande un effort de voir clair, de discerner avec sincérité ce qui va et ce qui ne va pas. Il faut aussi découvrir ce qui stimule l’esprit et ouvre le cœur, ce qui correspond à chacun selon son tempérament, sa personnalité, son histoire. Personne n’est obligé d’adhérer à l’enseignement de telle ou telle spiritualité ou religion ou méthode de méditation. Tout enseignement reçu demande un esprit critique qui aide à se confronter à soi-même – c’est-à-dire à se mettre en présence de soi, face aux difficultés de l’existence – et à entrevoir une solution.

Les pensées ne s’arrêtent jamais, le plan mental est toujours actif, mais au moment où la conscience passe au-delà de son implication dans le mouvement mental, et seulement à ce moment, la méditation commence. Tout autre chose, toutes ces dix, vingt, trente minutes que nous passons assis en silence ou en promenade dans la nature devraient être décrites plus exactement comme de la relaxation plus ou moins profonde accompagnée parfois d’une concentration sur un objet en particulier (la flamme d’une bougie, par exemple), et comme le fait de s’exercer à la méditation et non comme la méditation en soi.

La chose merveilleuse concernant la méditation est l’expérience commune que nous avons sans doute tous eue – l’absence momentanée du soi -. C’est un moment où nous avons une expérience méditative authentique, une fusion avec l’objet de notre méditation. C’est là que la conscience que nous avons du divin en soi évolue et cette conscience peut évoluer, grandir, se développer de façon illimitée. Le corps physique, les positions mondaines, les choses matérielles sont limités dans leur développement et dans leur croissance. Mais la conscience du divin peut atteindre le stade de perfection, la Bouddhéité, le stade de l’omniscience, de la perception en soi de tout ce qui peut être connu.

Mais l’éveil du cœur spirituel ne surgit pas spontanément. Le sentier de la méditation est celui de l’effort, du service et de la joie. Ce n’est pas avant un retour à la pratique de la prière, de la méditation et du silence, que ceux qui cherchent à apprendre pourront avancer en spiritualité et que la réflexion et la pratique conduiront à l’expérience du divin en soi. C’est un processus d’épanouissement et d’éveil. C’est un appel au détachement, à la libération et à l’extase. Ce grand Appel vient de notre essence la plus intime, le véritable Moi immortel, l’étincelle divine que nous sommes.

 

Références:

• “Pourquoi méditer” de Samdhong Rimpoche, Le Lotus Bleu, Mars 2016
• “Sur l’Unité” de Tim Boyd, Le Lotus Bleu, Décembre 2016
• “La méditation est l’art de l’intimité avec soi-même. Le mandala de l’être”, Dr Richard Moss
• “La science de la meditation”, Torkom Saraydarian.